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Aménager un corridor vert entre le mont Royal et Outremont

Créer un corridor vert reliant le mont Royal au futur campus d'Outremont, voilà l'essentiel du projet Darlington. «Nous voulons mettre en contact ce puits de biodiversité extraordinaire que constitue le mont Royal avec l'autoroute verte représentée par les abords des chemins de fer», dit Alexandre Beaudoin, conseiller à la biodiversité au Vice-rectorat aux finances et aux infrastructures, secteur du développement durable, de l'Université de Montréal.

Sous nos pieds, dans le quartier Côte-des-Neiges, coulent les vestiges des ruisseaux Rimbault et Darlington, qui drainaient les eaux de surface vers la rivière des Prairies. Observés par les cartographes militaires du 19e siècle dans le quartier agricole, ces ruisseaux ont été canalisés puis enfouis; ils coulent dans les aqueducs de la ville. C'est sur l'axe de cette voie naturelle qu'on veut ériger ce ruban de nature. Le projet a fait l'objet d'une présentation officielle à la Ville de Montréal à l'occasion de la consultation «Je vois Mtl», en novembre dernier, par le recteur de l'UdeM, Guy Breton.

Dans un premier temps, l'objectif est de favoriser l'agriculture urbaine dans Côte-des-Neiges en proposant aux résidants de mettre en terre et d'entretenir des plantes dans une cinquantaine de bacs disposés au coin des rues, le long du corridor écologique. Par la suite, on aimerait amener les propriétaires à renoncer à la pelouse pour semer plutôt du couvre-sol et des plantes indigènes. Dans une perspective à plus long terme, tout un système de gestion écologique de l'eau sera mis en œuvre. «On veut proposer de défaire le raccordement des gouttières aux égouts collecteurs pour que les eaux de pluie se déversent vers la rue. L'eau recyclée pourrait servir à diminuer les îlots de chaleur plutôt que d'encombrer les égouts collecteurs», explique M. Beaudoin.

Portland, ville modèle

Mettant à profit la phytoremédiation, cette technologie consistant à dépolluer les sols par l'action des végétaux, le projet Darlington prévoit une importante phase de décontamination des lieux consacrés au corridor vert. Tous les 200 m, le long du corridor projeté, on aménagera des «noyaux secondaires de biodiversité», soit des zones où la faune pourra trouver refuge. Mises bout à bout, ces aires formeront quelque 5000 m2 de verdure.

«Le quartier a la particularité de compter plusieurs écoles, bâtiments universitaires et hôpitaux, mentionne le biologiste. La collaboration du personnel de ces entreprises est essentielle pour réaménager leur espace (stationnements et cours de récréation par exemple) dans une perspective de développement durable.»

Pour que le projet évolue, la population devra toutefois mettre la main à la pâte. Là se situe d'ailleurs le principal obstacle, selon lui. «Notre plus grand défi est de faire comprendre ce projet à la population, qui devra changer ses habitudes. Planter quelques arbres de plus sur son terrain, ça ne posera peut-être pas de problème, mais renoncer aux pelouses, ça ne fera pas l'affaire de tout le monde.»

Au cours d'un voyage à Portland, en Oregon, Alexandre Beaudoin a constaté de ses yeux qu'une conversion est possible. «Tout, dans cette ville, est repensé en fonction du développement durable et de la participation citoyenne. Les murs et toits végétalisés sont nombreux; les rues sont parsemées de fleurs et d'arbustes; les eaux de pluie sont recyclées...»

Avec une population 10 fois supérieure, la région montréalaise est loin de pouvoir se comparer avec Portland, où l'on dénombre environ 300 000 habitants. Mais ce n'est pas pour décourager le biologiste apiculteur, qui rêve à ce corridor vert depuis son arrivée au secteur du développement durable de l'UdeM il y a quatre ans.

Mathieu-Robert Sauvé


 

Le renard comme symbole

On imagine aisément des papillons ou des oiseaux passer d'un arbre à l'autre le long du corridor vert que veut mettre en place l'Université de Montréal entre le mont Royal et Outremont. Mais le symbole qui plaît le plus à son promoteur, c'est le renard roux. Naguère nombreux dans les environs du mont Royal et du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, les renards ont été décimés par une maladie transmise par le chien domestique.

«On sait que, après avoir complètement disparu, les renards sont revenus récemment habiter le territoire laissé vacant», relate Alexandre Beaudoin.

Pour lui, cette renaissance d'une espèce emblématique de la nature québécoise est un signe d'espoir.