Passer au contenu

/ Développement durable

Je donne

Rechercher

Navigation secondaire

Prenez l’autobus, c’est plus sûr

Il est bien plus sécuritaire de prendre l’autobus que la voiture, et les autobus sont aussi moins dangereux pour les cyclistes et les piétons qui empruntent les mêmes itinéraires, rapporte une nouvelle étude réalisée par l'Institut de recherche de santé publique de l'Université de Montréal (IRSPUM).

Parue dans le Journal of Urban Health, l’étude examine le risque de blessures sur 10 des itinéraires d’autobus les plus achalandés de l’île de Montréal et révèle que les occupants d’automobile y sont exposés quatre fois plus que les passagers d’autobus.

En plus de s’intéresser à certains itinéraires, l’étude est la première à comparer les effets de l’utilisation de la voiture et de l’autobus sur la sécurité des piétons et des cyclistes. Par kilomètre parcouru, les déplacements en automobile entraînent davantage de blessures chez les piétons (quatre fois plus) et les cyclistes (cinq fois plus) et davantage de blessures graves ou mortelles (cinq fois plus) que les déplacements en autobus.

Il y a eu 28 fois plus de blessés graves chez les occupants d’automobile (278 en 10 ans, dont 19 décès) que chez les passagers d’autobus (10 blessés graves, aucun décès). Quarante-deux piétons et trois cyclistes ont été tués par des véhicules automobiles, contre quatre piétons et aucun cycliste par des autobus.

Les conducteurs d’autobus sont des professionnels

Pourquoi les déplacements en autobus sont-ils plus sûrs? Premièrement, les conducteurs d’autobus ont suivi une formation professionnelle. Deuxièmement, ils conduisent plus lentement que les automobilistes. Troisièmement, les autobus suivent des itinéraires déterminés et restent souvent sur la voie de droite, ce qui rend leurs déplacements sur la route plus prévisibles. Quatrièmement, il faut bien moins d’autobus que d’automobiles pour transporter le même nombre de personnes.

À Montréal, la promotion du transport en commun contribuera à réduire le nombre de blessures sur la route, avance l’étude. Sur la période étudiée, de 2001 à 2010, on estime que les déplacements en autobus sur ces 10 itinéraires ont permis d’éviter des blessures à 1805 automobilistes, 156 cyclistes et 476 piétons.

«Le fait est que les piétons, les cyclistes et les motocyclistes sont le plus souvent blessés quand la vitesse de conduite est élevée et qu’il y a le plus de véhicules sur les grandes artères», explique Patrick Morency, l’auteur principal de l’étude.

«La solution? Mettre en place des installations permanentes pour réduire la vitesse sur les routes et promouvoir le transport en commun», poursuit M. Morency, qui est professeur adjoint de clinique à l’IRSPUM et qui travaille à la Direction de santé publique de Montréal.

Quatre fois plus de circulation automobile

Avec l’aide de ses collègues et de membres du Réseau de transport métropolitain et de la Société de transport de Montréal, Patrick Morency s’est penché sur le nombre de collisions et de blessures hebdomadaires consigné dans les rapports de police remis à la Société de l'assurance automobile du Québec de 2001 à 2010. Pendant cette période, sur les 10 itinéraires étudiés, les usagers de la route ont parcouru chaque année quatre fois plus de kilomètres en automobile qu’en autobus, soit 1,3 milliard de kilomètres contre 257 millions.

Les itinéraires les plus fréquentés en voiture et en autobus passaient par le boulevard Henri-Bourassa, la rue Sherbrooke, le boulevard de la Côte-Vertu et la rue Sauvé, mais ce n’était pas les plus dangereux. Les plus hauts taux de blessures chez les occupants d’automobile ont été enregistrés sur les rues Jarry, Beaubien et Jean-Talon. Les plus hauts taux de cyclistes blessés par des automobiles ont été recensés sur les rues Beaubien, Jarry et Sherbrooke. Et c’est sur les rues Beaubien, Jarry et Jean-Talon qu’il y a eu le plus de piétons blessés. Quant aux accidents d’autobus impliquant des piétons, les boulevards Lacordaire et Pie-IX figuraient parmi les trois artères les plus dangereuses.

Bien que de nouvelles données sur les blessures des usagers de la route soient disponibles jusqu’en 2016, il n’existe aucune donnée de circulation précise sur les itinéraires examinés. L’étude de l’IRSPUM a donc dû se limiter à la période de 2001 à 2010, mentionne Patrick Morency. Il travaille maintenant avec Jillian Strauss et Catherine Morency (Polytechnique Montréal) pour recueillir des données non seulement sur les 10 itinéraires les plus fréquentés, mais aussi sur ceux de la région métropolitaine de Montréal. En attendant, il a présenté ses travaux aux responsables des transports en commun de Montréal et espère que ceux-ci utiliseront ses analyses dans des campagnes de sensibilisation auprès du grand public dans le but de garantir la sécurité des déplacements en autobus.

 

L’article «Traveling by bus instead of car on urban major roads: safety benefits for vehicle occupants, pedestrians and cyclists», écrit par Patrick Morency et ses collègues, est paru le 2 mars 2018 dans le